19 mars 2018 985 Vue(s)

Militant CFDT et FN, c’est incompatible ! Le Synafor-CFDT avait exclu un militant Front national, en 2015. Ce dernier a contesté la décision au nom de sa liberté d’expression. Le tribunal de grande instance de Paris a donné raison au syndicat, estimant que l’adhésion à la CFDT correspond aussi à une adhésion à ses valeurs.
21.11.2017 > Tribunal de grande instance de Paris

Les faits

«L’histoire commence en 2014, lorsqu’un conseiller prud’homal CFDT se présente aux élections municipales à Paris, sur une liste du Front national», explique Bruno Lamour, le secrétaire général de la Fédération Formation et Enseignements privés (FEP-CFDT), à laquelle le Synafor (Syndicat national des personnels des organismes de formation) est affilié. Quelque temps auparavant, une adhérente avait entendu ce militant CFDT s’exprimer sur une radio nationale, à l’occasion du 1er Mai, et tenir des propos sans ambiguïté sur sa double appartenance au Front national et à la CFDT. Pire, il laissait entendre qu’il était là pour véhiculer les idées frontistes à la CFDT, en clair faire de l’entrisme. Le Synafor lui fait rapidement savoir que sa candidature et la propagande FN sont incompatibles avec les valeurs de la CFDT de démocratie, de fraternité et de solidarité. Il refuse alors de choisir entre les deux organisations.

Le syndicat le convoque à plusieurs reprises afin qu’il s’explique, mais il ne se rend pas aux convocations. En juillet 2015, le conseil syndical du Synafor se réunit pour décider s’il exclut ou non le militant, qui refuse toujours de quitter le FN. En parallèle, le Synafor informe la Confédération et demande le soutien du service juridique confédéral. «Notre travail, explique Maud Renaud, du service juridique de la CFDT, a consisté à cadrer la procédure d’exclusion, y compris pour veiller au respect des droits de la défense et du principe du contradictoire.» Jean-Louis Malys, alors secrétaire national chargé des relations avec les partis politiques, en accord avec la commission exécutive, s’engage ardemment et soutient le syndicat dans cette procédure d’exclusion.

Une ultime convocation est adressée au militant.
Ce dernier se présente avec un avocat pour défendre sa cause. Au terme du débat contradictoire et après que l’avocat a défendu son client, le conseil syndical adopte une mesure d’exclusion. Viviane Ekoumé, alors toute nouvelle secrétaire générale du Synafor, prononce l’exclusion. «C’était très tendu, se souvient-elle. Il a ressorti sa diatribe sur le fait qu’il fallait privilégier les travailleurs français devant moi, qui suis noire et née au Gabon. Néanmoins, j’ai axé mon intervention sur l’accès au travail pour tous et l’universalité des droits. On ne défend pas les gens en fonction de la couleur de leur peau.» Malgré tout, l’adhérent conteste la décision et porte l’affaire devant le tribunal, début 2016, en réclamant l’annulation de son exclusion.